Art contemporain
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Pierre Soulages est un peintre français, né le 24 décembre 1919 à Rodez (Aveyron), spécialiste du noir-lumière, l’outre-noir.

Biographie[]

Le pierre Soulages perd son père en 1924. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par les vieilles pierres, les matériaux patinés et érodés par le temps, l'artisanat de son pays du Rouergue et ses âpres paysages, particulièrement les Causses. Il a tout juste huit ans lorsqu'il répond à une amie de sa sœur aînée qui lui demande ce qu’il est en train de dessiner à l’encre sur une feuille blanche : un paysage de neige. « Ce que je voulais faire avec mon encre, dit-il, c’était rendre le blanc du papier encore plus blanc, plus lumineux, comme la neige. C’est du moins l’explication que j’en donne maintenant. »[1]il peint de façon rapide et colorée tout en restant dans les teintes plutôt sombres ,il donne de grands coups de pinceau en formant un esprit de rage tout en montrant précision et poésie, d'une certaine douceur, il peint concentré mais une expression de bonheur vient s'ajouter à la tache de rage qui ressort sous une symphonie de couleurs pures (rouge blanc etc)sur un fond sombre, cela exprime une sorte de rage dominée par le bonheur de vivre, une sorte de combat foudroyant entre un mental désespéré et coléreux contre un mental de bonheur, un jardin de floraison de joie.il a Une chance incroyable de ne pas être mort.

À douze ans, son instituteur l’emmène, avec sa classe, visiter l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, où se révèle sa passion de l’art roman et le désir confus de devenir un artiste. Il accompagne dans ses recherches un archéologue local et découvre lui-même au pied d’un dolmen des pointes de flèches et des tessons de poteries préhistoriques qui entrent au musée Fenaille de Rodez. Il reçoit aussi le choc émotionnel des peintures rupestres des grottes du Pech-Merle dans le Lot, de Font-de-Gaume en Dordogne, d’Altamira en Cantabrie (Espagne), puis de Lascaux en Dordogne (découverte en 1940).

Il commence à peindre dans son Aveyron natal avant de « monter à Paris » à dix-huit ans pour préparer le professorat de dessin et le concours d'entrée à l'école des beaux-arts. Il y est admis en 1938 mais il est vite découragé par la médiocrité de l'enseignement qu'on y reçoit et retourne à Rodez. Pendant ce bref séjour à Paris, il fréquente le musée du Louvre et voit des expositions de Cézanne et Picasso qui sont pour lui des révélations.

Il est mobilisé en 1940 mais démobilisé dès 1941. Il s'installe en zone libre, à Montpellier, et fréquente assidûment le Musée Fabre. Réfractaire au STO en 1942, il passe le reste de la guerre auprès de vignerons de la région qui le cachent.

En 1946, il s'installe dans la banlieue parisienne et se consacre désormais entièrement à la peinture. Il commence à peindre des toiles abstraites où le noir domine. Il les expose au Salon des indépendants en 1947, où ses toiles sombres détonnent au milieu des autres, très colorées : « Vous allez vous faire beaucoup d'ennemis », le prévient alors Picabia[2]. Il trouve un atelier à Paris, rue Schoelcher, près de Montparnasse.

À partir de 1948, il participe à des expositions à Paris et en Europe, notamment à « Französische abstrakte malerei », dans plusieurs musées allemands, aux côtés des premiers maîtres de l'art abstrait comme Kupka, Domela, Herbin etc. En 1949, il obtient sa première exposition personnelle à la galerie Lydia Conti à Paris ; il expose également à la galerie Otto Stangl, de Munich, à l´occasion de la fondation du groupe Zen 49. En 1950, il figure dans des expositions collectives à New York, Londres, Sao Paulo, Copenhague. D'autres expositions de groupe présentées à New York voyagent ensuite dans plusieurs musées américains, comme « Advancing French Art » (1951), « Younger European Artists » (Musée Guggenheim, 1953), « The New Decade » (Museum of Modern Art de New York, 1955). Il expose régulièrement à la galerie Kootz de New York et à la galerie de France à Paris. Dès le début des années 1950, ses toiles commencent à entrer dans les plus grands musées du monde comme la Phillips Gallery à Washington, le Musée Guggenheim et le Museum of Modern Art de New York, la Tate Gallery de Londres, le Musée national d'Art moderne de Paris, le Museu de Arte moderna de Rio de Janeiro etc. Aujourd'hui, plus de 150 de ses œuvres se trouvent dans des musées. En 1960 ont lieu ses premières expositions rétrospectives dans les musées de Hanovre, Essen, Zurich et La Haye. De nombreuses autres suivront.

De 1949 à 1952, Soulages réalise trois décors de théâtre et ballets et ses premières gravures à l'eau-forte à l'atelier Lacourière.

En janvier 1979, Soulages en travaillant sur un tableau ajoute, retire du noir pendant des heures. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l'atelier, désemparé. Lorsqu'il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c'était comme s'il n'existait plus »[3]. Cette expérience marque un tournant dans son travail. La même année, il expose au Centre Georges-Pompidou ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, appelé plus tard « outre-noir ».

Il est l'une des personnalités à l'origine de la création de la chaîne de télévision Arte.

Entre 1987 et 1994, il réalise 104 vitraux pour l'église abbatiale de Conques.

Il est le premier artiste vivant invité à exposer au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, puis à la galerie Tretiakov de Moscou (2001).

En 2006, une Composition de 1959 est vendue 1 200 000 euros chez Sotheby's.

En 2007, le Musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par le peintre à la ville. Cette donation comprend 20 tableaux de 1951 à 2006 parmi lesquelles des œuvres majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptyques.

Œuvre[]

La peinture proche du style abstrait d’Hans Hartung avec une palette restreinte dont les effets de clair-obscur sont perceptibles, y compris en transparence. D'emblée, Soulages a choisi l'abstraction car il dit ne pas voir pas l’intérêt de passer « par le détour de la représentation [...] Je ne représente pas, dit-il, je présente. Je ne dépeins pas, je peins »[4].

Ses tableaux font beaucoup appel aussi à des mini-reliefs, des entailles, des sillons dans la matière noire qui créent à la fois des jeux de lumière et de... couleurs. Car ce n’est pas la couleur noire elle-même qui est le sujet de son travail, mais bien la lumière qu’elle révèle et organise : il s'agit donc d'atteindre un au-delà du noir, d'où le terme d'outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la fin des années 1970.

« Ses toiles géantes, souvent déclinées en polyptyques, ne montrent rien qui leur soit extérieur ni ne renvoient à rien d’autre qu’elles-mêmes. Devant elles, le spectateur est assigné frontalement, englobé dans l’espace qu’elles sécrètent, saisi par l’intensité de leur présence. Une présence physique, tactile, sensuelle et dégageant une formidable énergie contenue. Mais métaphysique aussi, qui force à l’intériorité et à la méditation. Une peinture de matérialité sourde et violente, et, tout à la fois, d’« immatière » changeante et vibrante qui ne cesse de se transformer selon l’angle par lequel on l’aborde. »[5]

Depuis peu, d'autres œuvres sont apparues où rythme, espace et lumière naissent des contacts violents du noir et du blanc sur l'entière surface de la toile.

Citations[]

  • « Quand j'ai commencé à peindre, j'avais 5 ans, j'aimais ça. Et ce qui surprenait les gens, c'est que je préférais, quand on me donnait des couleurs, tremper mon pinceau dans l'encrier... parce que j'aimais cette couleur, j'aimais le noir. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 48)
  • « J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. » (cité par Françoise Jaunin, art. cit.)
  • « Après tout un arbre noir en hiver c’est une sorte de sculpture abstraite. Ce qui m’intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l'espace...»
  • « Je veux que celui qui regarde le tableau soit avec lui, pas avec moi. Je veux qu'il voie ce qu'il y a sur la toile. Rien d'autre. Le noir est formidable pour ça, il reflète. Les mouvements qui comptent ce sont ceux de celui qui regarde. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52)
  • « L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire. » (cité par Françoise Jaunin, art. cit.)
  • « Il faut regarder le tableau en appréciant la lumière reflétée par la surface noire. C'est essentiel. Si l'on ne voit que du noir, c'est qu'on ne regarde pas la toile. Si, en revanche, on est plus attentif, on aperçoit la lumière réfléchie par la toile. L'espace de cette dernière n'est pas sur le mur, il est devant le mur, et nous qui regardons, nous sommes dans cet espace-là. C'est une relation à l'espace différente de celle que nous avons dans la peinture traditionnelle. Ce phénomène ne peut pas être photographié. La photo transforme cette lumière en une peinture banale où les valeurs sont fixes et produites par des gris différents. » (Entretien avec Jean Pierrard, art. cit.)
  • « Plus les moyens sont limités, plus l'expression est forte. » (cité in : Entretien avec Jean Pierrard, art. cit.)
  • « La pratique est inséparable de l'art qui se fait jour avec elle. Autrement dit, le fond et la forme ne font qu'un. Je n'ai cessé d'inventer des instruments, le plus souvent dans l'urgence. N'arrivant plus à produire quelque chose, je m'empare de ce que j'ai sous la main. » (Entretien avec Jean Pierrard, art. cit.)
  • Soulages : « Plus jeune, mes parents souhaitaient que je sois chirurgien. » Sylvain Scapa : « Mais vous êtes un chirurgien du coeur ! » (Entretien avec le DModèle:R S. Scapa)

Références[]

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Sources[]

Articles connexes[]

Liens externes[]

Bibliographie[]

  • Hubert Juin, Soulages, le musée de poche, Editions Georges Fall, Paris, 1958.
  • Michel Ragon, Les Ateliers de Pierre Soulages, Albin Michel, Paris, 1990.
  • Pierre Encrevé, Soulages. L'Œuvre complet, 3 vol. (1946-1958, 1959-1978, 1979-1997), Paris, Éditions du Seuil (catalogue raisonné de 1 174 œuvres)
  • Nathalie Reymond, Soulages, la lumière et l’espace, Paris, éd. Adam Biro, 1999
  • Pierre Soulages, Noir lumière, entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne, éd. La Bibliothèque des arts, 2002
  • Pierre Encrevé, Soulages. Les Peintures. 1946-2006, Paris, Éditions du Seuil, 2007 (réédition du précédent ouvrage du même auteur, augmentée d'un chapitre concernant la période 1998-2006, mais avec beaucoup moins de reproductions)
  • Pauline de La Grandière, Technique classique - Problèmes contemporains, étude et traitement de Peinture, 114 x 165 cm, 16 décembre 1959, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Mémoire de fin d’études, Institut national du Patrimoine, septembre 2005
  • Jean-Michel Le Lannou, La Forme souveraine. Soulages, Valéry et la puissance de l'abstraction, Paris, Éditions Hermann, 2008

Notes[]

  1. cité par Françoise Jaunin, art. cit.
  2. Pierre Soulages, Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 48
  3. cité in : Pierre Soulages, Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52
  4. cité par Françoise Jaunin, art. cit.
  5. Françoise Jaunin, art. cit.
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