Frédéric Gracia est un artiste peintre français né à Paris le 8 avril 1959.
Voir aussi Frédéric Gracia : ses tableaux
L'aventure de la peinture monumentale[]
Frédéric Gracia fait partie de la poignée de peintres acrobatiques qui exercent leurs talents dans l'hexagone. Suspendu {C au bout d'une corde, il peint des trompe- l'oeil ou des fresques géantes qui transfigurent bâtiments, châteaux d'eau, cheminées d'usine ou de centrale nucléaire.
Frédéric Gracia et la peinture acrobatique, c'est l'histoire d'une double passion. Celle de l'alpinisme et celle de la peinture.
« quand j'étais gamin, je rêvais de rencontrer des guides de haute montagne » confie-t-il
Une véritable fascination. Le petit Frédéric dévore les bouquins de Roger Frison-Roche, de René Demaison ou de Maurice Herzog. L'adolescent fait ses premières cordées avec le Club Alpin Français. Mais une autre surface immaculée l'attire, celle de la toile. Il entre à l'école sup des Arts Appliqués. « je travaillais des illustrations à l'aérographe. des petits formats.» L'appel du chevalet sera le plus fort. Le déclic ? Un voyage à Hong Kong en 1986. Chick Corea lui commande un décor de scène. De là vient peut-être son goût des grands formats.
La plus grande fresque d'Europe
Rentré en France, ses premières réalisations ne passent pas non plus inaperçues. En 1991, le plasticien
Jean-Marie Pierret cherchait « un peintre qui n'a pas peur du vide. » Il lui confie la réalisation d'une des plus
grandes fresques d'Europe sur la cheminée de la Centrale nucléaire de Cruas-Meysse, en Ardèche. Un
cylindre de 155 mètres de haut évasé à sa base.
Avec une équipe de huit guides de haute montagne, Fréderic Gracia y peint le signe du Verseau. Double-
ment symbolique. Un « signe d'air » pour une tour coiffée de panaches de vapeur. Et un signe d'apaise-
ment à l'approche du nouveau millenaire. Puisqu'on entre dans le signe du Verseau, c'était un message d'espoir destiné aux générations futures en rapport à cette énergie que l'humanité a un peu de mal à gérer, cinq ans après l'accident de Tchernobil.
Frédéric Gracia commence à enchaîner les chantiers. « Des alpinistes, il y en a beaucoup, des peintres aussi, mais des gens qui arrivent à faire les deux, il n'y en a pas tant que ça », explique-t-il. Robert Hosssein fait appel à lui pour retoucher sur corde une bâche peinte installée sur l'église de la Madeleine à Paris.
Frederic Gracia débarrasse Jésus d'une auréole qui turlupinait son mentor. S'il fait appel à des alpinistes de sa connaissance pour ses plus gros chantiers, Frédéric Gracia préfère travailler seul. Il prépare très soigneusement son matériel : cordes de descente et de secours, descendeurs auto-bloquants, baudrier, sellette, genouillères et casques.
A l'écouter, la peinture acrobatique a plus à voir avec la spéléo qu'avec l'alpinisme. « On ne monte pas, on descend » La discipline est assez physique. En plus de ses brosses et rouleaux, Frédéric Gracia s'alourdit d'un ou plusieurs pots de peinture acrylique. Très importante la selette quand on passe une journée entière dans les airs : « J'en ai une très confortable, un peu siège de tracteur » et vitale la concentration. « on n'a pas le droit à l'erreur. » Le danger ? Ne plus penser qu'à son pinceau et oublier que l'on est pendu au bout d'une corde.
Spéléologue plus qu'alpiniste
Etre suspendu dans le vide n'est pas forcément plus risqué que de travailler sur échafaudage, ajoute
Frédéric Gracia.
Ce n'est pas sans frissons rétrospectifs qu'il évoque les planches vrillées d'un échafaudage de 30 mètres
de hauteur mis à sa disposition au Turkmenistan pour peindre les enluminures intérieures de la coupole
centrale de la Mosquée de Guekdepé en 1995.
Le peintre n'est pas non plus un grand fana des nacelles motorisées.
Il lui est arrivé de voir lors d'une réalisation d'une fresque sur un château d'eau le moteur d'une nacelle suspendue tomber en panne à une extrémité et le second refuser de se mettre en sécurité à l'autre extrémité. Sueurs froides. Pour lui rien ne vaut la corde. Elle permet de se glisser partout.
Les cheminées de Bagnolet
La fixation des points d'accroche pour mousquetons et les minutieuses préparations du support le nettoyage haute-pression, le traitement des parties métalliques et les couches de fond sont oeuvrés par les soins des alpinistes de Alpbat, société spécialisée dans les travaux à grande hauteur. Les cheminées sont enfin prêtes à s'orner de leur parure.
La toile apprêtée attend sur le chevalet et le peintre peut préparer ses couleurs , caler ses teintes comme on dit dans le jargon et en quantité suffisante car il y a de la surface... La technique de cordiste employée par Frédéric Gracia, consistant à se suspendre et travailler sur corde, s'avère totalement adéquate pour ce type de bâtiment. Adapté aussi parfaitement, le thème du visuel. Les expériences variées et multiples des grandes fresques - comme l'aéroréfrigérant de Cruas, hauteur 155m - ont permis à ce peintre acrobatique d'être totalement à l'aise avec le vide, rendant l'exécution de son travail artistique tout à fait exceptionnel.Maquette en main, jour après jour, guidé par talky-walky et jumelles, aides précieuses pour se positionner le plus précisément possible sur la paroi, l'artiste dépose une à une ses perles d'eau, compose ses chapelets et nuance ses nuages aux emplacements mûrement prévus depuis le sol.
Prendre du recul
Le plus difficile pour un peintre acrobatique, ce n'est pas tellement être accroché à un fil toute la journée, c'est de prendre du recul par rapport à ce qui qu'il est en train de peindre. En général la méthode la plus courante est celle dite du carroyage. c'est à dire la reproduction agrandie de chaque carré de la maquette sur le support quadrillé .
Aussi méticuleux soit-on, quelques détails finissent toujours par prendre la tangente. C'est ici que la question du recul est cruciale. « quand on est sur la paroi on ne voit rien. » Frédéric Gracia a tout essayé. « jumelles inversées » et bien d'autres choses encore. Rien ne vaut de s'écarter du motif
.
Le sourire de l'enfant figurant sur la tour de Cruas lui a donné du fil à retordre. La bouche, justement, était tordue par une espèce de rictus. Pierret, le concepteur de la maquette a dû traverser le Rhône et muni d'une paire de jumelles a pu donner des indications par talkie walkie. « Cela donnait des choses assez amusantes » raconte Frédéric Gracia. Des échanges du style : “ bon, continue de descendre, pour te situer, la grosse tâche sombre que tu as au dessus de toi, c'est la narine...”
Références[]
- site officiel
- la peinture sur un fil par Jacques Daimé Février 06. N 387. Chantier de France
- autre site : http://www.fredericgracia.fr
2 videoclip: